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Pérou. Côte nord. Le temps n’est plus où l’on s’interrogeait sur la réalité des scènes peintes ou modelées sur les céramiques mochicas. En 2005, l’archéologue canadien Steve Bourget mettait au jour les squelettes éparpillés de jeunes hommes sur la plate-forme 3a de la Huaca de la Luna. Les décapitations, démembrements et traces de coups constatés sur les os faisaient conclure à de violents combats rituels en face à face. Exactement comme ceux représentés sur les poteries. Voilà qui donnait raison aux défenseurs de la thèse de l’existence effective de sacrifices humains chez les Mochicas. Lesquels, à juger de leur iconographie, précipitaient dans le vide nombre de leurs condamnés. A l’exemple des scènes (ci-contre) associées par l’anthropologue
Anne-Marie Hocquenghem
aux sacrifices de la saison sèche. L’une représente les marches d’un escalier, l’autre une montagne à trois pics. Dans les deux cas, les victimes sont précipitées du sommet. Il restait à retrouver les sites. A voir plus loin que le Cerro Blanco, un temps retenu comme lieu de sacrifice en raison de sa position dominante au-dessus de la Huaca de la Luna. Mais la pente de ce cerro est, selon José Pinéda, fin connaisseur des lieux, beaucoup trop douce. Alors ?
Découvertes au sommet du Cerro Campana
Cette fois, le doute n’est plus permis. En mars 2012, l’archéologue péruvien Regulo Franco – à qui l’on doit la découverte de la
Dame de
Cao
- retrouve un autel au sommet du Cerro Campana, dans le district de Trujillo Huanchaco. La montagne compte trois pics et c’est sur le pic central qu’est retrouvé l’autel. Sculpté dans la roche et haut de 1,50 m, il est constitué de trois marches de 50 centimètres chacune qui évoquent immédiatement la céramique en forme d’escalier citée plus haut. Sur le site, l’autel est surplombé par un second roc sculpté semblable à celui de l’Intihuatana de Machu Picchu. Quasiment le même, mais plus ancien de 1000 ans ! Pour Regulo Franco, c’est là que les prêtes mochicas ont pendant des siècles commis les sacrifices. Il en veut pour preuve les restes humains retrouvés en contrebas. « Qui aurait pensé que le Cerro Campana, si familier des voyageurs qui empruntent la Panaméricaine, avait une telle importance pour les Mochicas ? » s’étonne encore l’archéologue et directeur du complexe muséal d’El Brujo-Cao qui s’inquiète pour la préservation de ses découvertes.
Sonnette d’alarme !
Campana signifie cloche en français. Pourtant, ce n’est pas une cloche, mais une sonnette d’alarme que fait retentir aujourd’hui Regulo Franco. Car la montagne est menacée de destruction prochaine par les entreprises alentours qui extraient des matériaux. A entendre l’archéologue, ce n’est pas seulement l’autel qui disparaîtrait, mais aussi une peinture rupestre découverte au sein d’une grotte et, sur le plan écologique, une incroyable biodiversité dont l’étude ne fait que commencer : 254 espèces végétales et 118 espèces animales qui, depuis des temps immémoriaux, ont trouvé refuge ici. Bref, souhaitons que les autorités péruviennes interviennent au plus vite pour protéger le site.
Le Cerro Campana cachait un autel
voué aux sacrifices humains !
Le Cerro Campana domine le Pacifique à l’ouest et la Panaméricaine à l’est, à quelques kilomètres de la ville de Trujillo.
© Photo Regulo Franco
L’autel découvert par l’archéologue Regulo Franco
© Photo : Regulo Franco
Les sacrifices humains sont reproduits sur les céramiques mochicas
Comme en témoignent les images ci-dessus qui figurent, à gauche,
une sorte d’escalier du haut duquel on précipite le condamné (voir le
personnage écrasé sur la première marche) et, à droite, la reproduction
d’une montagne qui remplit la même fonction.
Dessin :
Kutscher, G, fig 79. Nordperuanische Keramik. Berlin. 1954
Ils ont révélé l’événement…
La Industria.pe
http://laindustria.pe/trujillo/regional/cerro-campana-un-viaje-al-pasado-desconocido
El Comercio.pe
http://fr.mg40.mail.yahoo.com/neo/launch?.rand=avfd6ubjn5o56
La Republica.pe
http://fr.mg40.mail.yahoo.com/neo/launch
Le Cerro Campana sur Google Earth
Abécédaire illustré,
interviews des chercheurs,
les sites web à consulter,
les expositions
L’archéologue péruvien Regulo Franco découvre un lieu sacré où les Mochicas
précipitaient dans le vide les condamnés
Photo : José Pinéda
2012 :
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